Neuvième partie
Nous commençons cette neuvième partie par le sujet de la formation liturgique, qui est le fidèle. J’ai choisi comme point de départ les quatre canons du Code de droit canonique qui rendent clair le processus descendant du thème : le sujet de la formation liturgique est le fidèle. Mais qui sont les fidèles ? C’est le peuple de Dieu.
Can. 204 – § 1 Les fidèles sont ceux qui, incorporés au Christ par le baptême, sont constitués peuple de Dieu et donc, rendus participants à leur manière de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ, sont appelés à accomplir, selon la condition propre à chacun, la mission que Dieu a confié à l’Église pour qu’elle l’accomplisse dans le monde.
Les fidèles sont les baptisés.
Can. 207 – § 1 Par institution divine, il y a dans l’Église, parmi les fidèles, des ministres sacrés, que le droit appelle aussi clercs ; les autres fidèles sont également appelés laïcs.
Can. 208 Entre tous les fidèles, en vertu de leur régénération dans le Christ, il y a une véritable égalité en dignité et en action, et par cette égalité tous coopèrent à l’édification du Corps du Christ, selon la condition et les devoirs propres à chacun.
Ce qui distingue les trois personnes, c’est leur fonction, comme dans la Trinité : ce qui distingue les trois personnes, c’est la mission qu’elles ont à remplir pour le salut. C’est pourquoi les clercs et les laïcs ont leur propre formation, selon le service qu’ils doivent rendre à l’Église.
Can. 217 Les fidèles, en tant qu’ils sont appelés par le baptême à mener une vie conforme à la doctrine de l’Évangile, ont droit à l’éducation chrétienne, par laquelle ils peuvent être formés à atteindre la maturité de la personne humaine et en même temps à connaître et à vivre le mystère du salut.
Le droit établit que les fidèles sont les destinataires de l’éducation chrétienne et de l’éducation liturgique. Donc, tout le peuple de Dieu et les fidèles, pour qu’ils soient formés et transformés à l’image du Christ : tel est l’objet, tel est le motif pour recevoir une formation humaine et chrétienne, parce qu’ils sont sujets de droit, parce qu’ils sont baptisés et qu’ils ont le devoir de vivre la vie chrétienne.
ÉDUCATION : c’est le processus par lequel l’information est transmise pour déterminer l’acquisition de connaissances, d’aptitudes et de compétences pour lesquelles on présuppose une vérification nécessaire de la mesure de l’apprentissage offert, par le biais d’examens, de tests. Des tests pour déterminer les titres et les grades correspondants.
ÉDUCATION : il s’agit d’une activité humaine particulière qui consiste à transmettre des connaissances d’individus plus expérimentés à des individus moins expérimentés dans le domaine des comportements, des habitudes et des attitudes.
Ce qui est frappant dans l’éducation, c’est la transmission à travers les matières et les institutions : les écoles, les éducateurs, les pasteurs, ceux qui travaillent au sein d’une Eglise dans les différents ministères deviennent aussi des éducateurs à la liturgie. En effet, les pasteurs, à travers l’ars celebrandi, deviennent des éducateurs.
Nous verrons comment dans le Desiderio Desirevi, mais aussi dans le ministère des papes précédents, à commencer par Pie X avec Parmi les préoccupations, Benoît XVI et le pape François, il y a un désir d’éducation dans l’Église. Une éducation à la liturgie donc, mais aussi une éducation à partir de la liturgie à travers l’ars celebrandi, la formation et la participation.
FORMATION : processus de développement psychophysique et de croissance intellectuelle, culturelle, sociale et personnelle, qui considère le sujet de la formation du point de vue des expériences de vie qui façonnent les choix, les inclinations et le comportement.
Il est évident que ces trois termes font partie d’un processus local, mais si nous regardons attentivement, c’est le processus qui se déroule dans la catéchèse sacramentelle : nous connaissons les praenotanda des livres liturgiques, nous avons donc l’instruction, mais cela ne suffit pas pour la formation ; il est nécessaire de commencer un processus d’acquisition qui ne passe pas par la vérification : je sais ce que dit le n° 1 des praenotanda, mais c’est comment je vis tout cela dans ma vie quotidienne : nous célébrons ce que nous vivons et nous vivons ce que nous célébrons. Tout cela doit devenir formateur et éducatif, pour moi et pour les autres.
L’éducation est la partie intermédiaire du processus
Ces trois termes sont fondamentaux pour la catéchèse. Les pasteurs doivent, tant au niveau paroissial et diocésain qu’au niveau des écoles catholiques, adopter cette méthodologie de l’initiation chrétienne : essayer de trouver un mode d’expression des sacrements qui comporte, certes, de l’éducation, mais surtout de la formation, à travers les éducateurs. Parce que l’éducation est centrée sur le témoignage, c’est sa propre vie chrétienne, sa propre vie liturgique qui est remise en cause, car les éducateurs n’improvisent pas.
Or, c’est précisément à travers la célébration que le Desiderio Desideravi place au centre l’éducation à la célébration, car c’est à travers la célébration comme acte vital que nous en verrons l’importance, guidés par le grand maître Romano Guardini. En effet, nous constatons que c’est la célébration elle-même qui nous apprend à vivre la suite du Christ, mais comme ce n’est pas magique, tout dépend des sujets qui la mettent en œuvre : c’est pourquoi une messe n’en vaut pas une autre et un président n’en vaut pas un autre ! !!
Je me souviens de la phrase d’un jeune qui disait après la Messe de Noël : il y avait tout, mais il n’y avait rien, parce que les sujets n’avaient pas réussi à mettre en œuvre la présence du Seigneur ressuscité au milieu de son Église, parce que la célébration avait été bâclée et ennuyeuse.
En effet, le rite n’existe pas s’il n’y a personne pour le célébrer, les symboles doivent être décodés et rendus vivants à travers les mots et les gestes.
Il ne s’agit donc pas seulement de fournir un contenu, mais d’accompagner l’expérience, par le biais de la célébration. Dans Desiderio Desideravi, le verbe accompagner revient souvent. En particulier au n° 47, le signe de la croix est mentionné, et l’accompagnement dans l’acquisition du sens des mots et des rites est souligné.
Les pasteurs sont des éducateurs du peuple de Dieu.
La présidence est le lieu de la formation et de l’accompagnement.
Il est important qu’il y ait une présidence qui permette aux fidèles de participer activement et consciemment à la célébration de la SC 48. Souvent, le clergé semble toujours, ou presque toujours, faire une concession.
La participation du peuple de Dieu aux célébrations est-elle une concession de celui qui préside ou un droit ? La réponse nous vient du Code de droit canonique, de Sacrosanctum Concilium et nous la verrons aussi dans la lettre pastorale de Montini de 1958, ainsi que dans la pensée de Guardini et des grands du Mouvement liturgique. La participation des fidèles à la liturgie est un droit car, faisant partie de l’assemblée célébrante, ils exercent leur propre rôle au sein d’une célébration liturgique. En effet, le peuple de Dieu a son propre rôle dans l’ars celebrandi. Malheureusement, la non-reconnaissance du rôle du peuple de Dieu se produit lorsque le prêtre n’est pas clair ou ne croit pas aux prescriptions du Concile et maintient l’assemblée à l’écart, en centralisant sur lui les différentes parties de la célébration : c’est l’autoréférentialité.
La participation est l’objet de la formation liturgique, qui consiste à célébrer le mystère du Christ de manière pleine, consciente et active.
Participer signifie prendre part à une forme d’activité avec sa propre présence, avec sa propre adhésion, avec un intérêt direct, en apportant une contribution effective à l’accomplissement de l’activité elle-même, la participation étant le moyen de fonder l’appartenance à l’Église.
Dans les dialogues, l’assemblée accomplit le rite, rappelons ce que Justin et les Pères de l’Eglise affirment sur le AMEN par lequel se termine la prière eucharistique, que celui qui préside proclame au nom de l’assemblée célébrante et non en son nom propre.
L’assemblée célébrante, en participant au rite, y adhère et y est directement intéressée pour que s’accomplisse le mystère du Christ et que se renforce son appartenance à l’Église. Participer pour appartenir, ou appartenir parce que l’on participe.
Participer avec d’autres fidèles à la célébration du mystère du Christ permet de prendre conscience de son identité chrétienne. C’est l’objet de la lettre apostolique Desiderio Desideravi et ce devrait être aussi l’objet de l’activité pastorale.
Participer ensemble à la célébration du rite instille l’expérience de se sentir corps du Christ. Guardini affirme que la formation liturgique est la célébration elle-même. C’est également le thème de la première partie du Desiderio Desideravi, qui affirme que la liturgie, comme l’affirme le Sacrosactum Concilium n° 10, est le culmen et le fons de la vie chrétienne, per ritus et preces et per signa sensibilia.
Je vous invite à lire le Desiderio Desideravi avec le théologien et liturgiste Romano Guardini et le Card. Giovanni Battista Montini, archevêque de l’Église milanaise. Ce dernier a rédigé la lettre pastorale susmentionnée sur l’éducation liturgique en 1958.
L’examen de ces deux contributions nous aidera à lire le DD, sur les thèmes de l’éducation liturgique et de l’enseignement liturgique.
Guardini soutient que la liturgie est une forme vitale en action.
Sans forme, la vie spirituelle s’émousse, perd sa fraîcheur, sa force et son caractère unique.
L’intérêt de Guardini se concentre sur la forme, mais il se préoccupe également de la formation. En fait, pour Guardini, le fondement de la formation liturgique est la révélation qui se produit dans l’épiphanie liturgique, qui devient actualisation et donc expérience croyante. La formation liturgique, selon Guardini, ne devrait pas porter sur la meilleure expression de la célébration, car alors il ne s’agirait pas de forme mais de formule ; c’est une distinction intéressante : non pas l’expression, mais l’acte où il y a l’action liturgique avec toute sa gamme de langages. L’objet serait donc la formule s’il s’agissait seulement d’une expression célébrée, alors que la mise en œuvre authentique de la forme est l’invitation en tant qu’acte vital. Le point central de la pensée liturgique de Guardini concerne la conception centrale du rite comme lieu de dépouillement de l’ego pour donner de l’espace à Dieu, révélé dans le Christ, objet et sujet de l’action liturgique partagée avec nous par la grâce. Cette centralité est inéluctable (= qu’on ne peut éviter), c’est pourquoi Guardini affirme qu’en participant à la liturgie, l’homme rencontre Dieu. En fait, c’est le rite qui permet la rencontre avec Dieu, non pas par mon acte, mais en célébrant. Pour Guardini, la célébration est l’acte vital, un acte gratuit, parce que Dieu s’offre par la grâce.
Parler beaucoup de préparation, d’instruction, d’éducation, affirme Guardini, renvoie continuellement l’homme à lui-même, le fait graviter autour de son propre ego, lui faisant perdre son regard libérateur vers Dieu. Le pouvoir formateur de la liturgie réside dans le fait qu’elle protège l’expression de soi pour garder le regard fixé sur Dieu, le créateur tout-puissant qui arrange tout avec ordre et beauté. La liturgie est la manière humaine de se tenir devant Dieu avec foi, c’est pourquoi, pour Guardini, la liturgie et la foi sont deux piliers fondamentaux inséparables, parce que la foi ne naît pas de moi, elle naît en moi et devient présente en moi, parce que le Christ est venu dans le monde et que la foi en est le commencement, en tant que mouvement de correspondance suscité par Dieu lui-même. Il est clair que dans la pensée de Guardini, le moi doit être étalé, rendu présent de manière évanescente, parce que c’est le corps qui célèbre, mais il n’a pas besoin d’être central. La formation à la célébration, pour Guardini, doit viser à actualiser le rite, c’est-à-dire à être présent dans l’acte vécu.
L’homme agit dans la liturgie par la grâce de Dieu, son action consiste donc à laisser faire Dieu. Sa participation est une mise en valeur ; sa mise en valeur est une mise en valeur de la participation. Guardini poursuit : Pour être formé, il n’y a pas besoin d’autre chose que de participer, puisque la liturgie est une réalité dans laquelle on entre. L’action liturgique n’opère pas des concepts ou des bonnes intentions, mais le rayonnement, la vibration, le devenir audible à l’oreille, visible à l’œil, tangible à la main, per signa sensibilia, c’est Dieu qui se rend visible, audible, perceptible non pas à travers le concept que nous avons de Lui et non pas à travers un dessein, une bonne disposition. Il est donc nécessaire de rétablir le contact de l’homme avec Dieu, c’est le but de la liturgie et cela se produit parce que l’homme se sent touché, appelé par la réalité divine, impliqué dans une relation de participation avec elle.
Dieu agit à travers l’acte liturgique, l’homme ne peut en jouir que s’il apprend à se mettre à l’école du rite.
A) La formation à la liturgie
Il est important de mettre l’accent sur cet aspect de la formation à la liturgie, qui n’était pas présent chez Guardini. Au n° 27 nous lisons : La question fondamentale est donc la suivante : comment retrouver la capacité de vivre l’action liturgique dans sa plénitude ? C’est l’objectif de la réforme du Concile. Le défi est très exigeant car l’homme moderne – toutes les cultures ne sont pas logées à la même enseigne – a perdu la capacité de s’engager dans l’action symbolique qui est une caractéristique essentielle de l’acte liturgique.
La capacité de vivre la célébration liturgique dans sa plénitude dépend certainement de la formation liturgique pour qu’elle soit ensuite une formation à la liturgie. Ces deux caractéristiques ne peuvent être séparées. La pensée de Guardini semble tendre vers une telle séparation, mais il doit s’agir d’une implication : instruction, éducation, formation. Ainsi, la capacité de vivre pleinement l’action liturgique est le but de la réforme liturgique. Je rappelle que la réforme des livres liturgiques ne sert à rien s’il n’y a pas une attitude et une réception de l’esprit de la Réforme liturgique.
Dans le n° 31 […] comment pouvons-nous grandir dans la capacité de vivre pleinement l’action liturgique ? Comment continuer à être émerveillés par ce qui se passe dans la célébration sous nos yeux ? Nous avons besoin d’une formation liturgique sérieuse et vitale.
Rappelez-vous le concept de l’acte vital dans Guardini !
Ici, la formation est un engagement pour le formateur et le formé.
35. Il faut trouver des canaux pour la formation en tant qu’étude de la liturgie : à partir du mouvement liturgique, beaucoup a été fait à cet égard, avec des contributions précieuses de la part de nombreux chercheurs et institutions académiques. Cependant, il est nécessaire de diffuser ces connaissances en dehors de la sphère académique, de manière accessible, afin que chaque croyant grandisse dans la connaissance du sens théologique de la liturgie – c’est la question décisive et fondatrice de toute connaissance et de toute pratique liturgique – ainsi que dans le développement de la célébration chrétienne, en acquérant la capacité de comprendre les textes euchologiques, les dynamismes rituels et leur signification anthropologique.
Le Pape nous invite à faire en sorte que chaque croyant, sujet de droit, comprenne son rôle dans l’ars celebrandi et qu’il prenne conscience qu’il n’est pas un spectateur ou une simple personne qui obéit aux ordres et répond quand il doit répondre, mais que les fidèles sachent qu’il a un rôle qui lui est propre et qui ne doit pas être usurpé par d’autres ministères. Les ministères de la liturgie sont importants, mais celui de l’assemblée célébrante est indispensable, et pourtant c’est celui qui est le moins formé. En effet, on se préoccupe de la formation d’un service (ex : lecteur ; chantre ; acolyte, etc.) mais la formation du ministère de l’assemblée est généralement négligée dans les Eglises locales. Une étude devrait être menée pour trouver un moyen de sensibiliser nos assemblées liturgiques à leur rôle. Prenons-nous conscience de l’urgence de cette question dans nos communautés ecclésiales et aussi dans les communautés religieuses…. ?
Nous saisissons ce problème dans les dialogues au cours des célébrations liturgiques. SC 30 Pour favoriser une participation active, on veillera aux acclamations des fidèles, aux réponses, au chant des psaumes, des antiennes, des hymnes, ainsi qu’aux faits et gestes et à l’attitude du corps. Le silence sacré doit également être observé en temps voulu.
Le soin apporté à toutes ces parties crée le rite. Il est nécessaire de répéter que les fidèles, l’assemblée célébrante, ont un rôle irremplaçable et que chaque croyant doit en prendre conscience. C’est un service exigeant qui demande beaucoup de patience, mais surtout le pasteur doit être conscient de son importance fondamentale.
Dans les dialogues de la célébration, c’est l’épouse qui répond à l’époux. (DD 35).
Malheureusement, on perçoit dans le clergé une crainte à l’égard de la formation des laïcs.
B) La formation liturgique à la maïeutique, c’est-à-dire à l’accompagnement des fidèles
36 Je pense à la normalité de nos assemblées qui se réunissent pour célébrer l’Eucharistie le jour du Seigneur […] : les ministres ordonnés accomplissent une action pastorale de première importance lorsqu’ils prennent les fidèles baptisés par la main pour les conduire à l’expérience renouvelée de Pâques. Rappelons-nous toujours que c’est l’Église, le Corps du Christ, qui est le sujet célébrant, et pas seulement le prêtre. La connaissance qui vient de l’étude n’est qu’un premier pas pour entrer dans le mystère célébré. Il est évident que pour guider les frères et les sœurs, les ministres qui président l’assemblée doivent connaître le chemin, aussi bien pour l’avoir étudié sur la carte de la science théologique que pour l’avoir fréquenté dans la pratique d’une expérience de foi vivante, nourrie par la prière, et certainement pas seulement comme un engagement à remplir. Le jour de l’ordination, l’évêque dit à chaque presbytre : « Rends compte de ce que tu vas faire, imite ce que tu vas célébrer, conforme ta vie au mystère de la croix du Christ Seigneur » (cf. Rituel de l’ordination épiscopale des presbytres et des diacres, Libreria Editrice Vaticana, 1992, p. 184).
C) Formation à partir de la liturgie
40 […] chacun, selon sa vocation, se formera à partir de la participation à la célébration liturgique . Même la connaissance de l’étude dont je viens de parler, pour qu’elle ne devienne pas un rationalisme, doit être fonctionnelle à la réalisation de l’action formatrice de la liturgie en chaque croyant dans le Christ… La plénitude de notre formation est conforme à l’esprit de la liturgie.
La plénitude de notre formation est la conformation au Christ
41 […] il ne s’agit pas d’un processus mental et abstrait, mais de devenir Lui. C’est dans ce but qu’a été donné l’Esprit dont l’action est toujours et uniquement de faire le Corps du Christ. Il en est ainsi du pain eucharistique, il en est ainsi de tout baptisé appelé à devenir de plus en plus ce qu’il a reçu en don au baptême, c’est-à-dire à être membre du Corps du Christ. Léon le Grand écrit : « Notre participation au Corps et au Sang du Christ ne tend à rien d’autre qu’à nous faire devenir ce que nous mangeons ». (Cf. Léon Magnus, Sermo XII : De Passion III,7).
La liturgie est faite de choses d’actions, c’est une expérience et non un concept abstrait : c’est l’expérience de la rencontre avec le Christ dans laquelle l’Esprit est présent. Il est fondamental que celui qui préside soit conscient d’être le réceptacle qui demande au Père, au nom de l’assemblée célébrante, d’envoyer l’Esprit qui transforme le pain et le vin en Christ ressuscité, c’est-à-dire en Vivant. Car c’est du Vivant que l’Église doit ensuite témoigner dans la vie quotidienne : nous célébrons ce que nous vivons, nous vivons ce que nous célébrons.
Il est également important que celui qui préside et ceux qui concélèbrent aient une bonne formation patristique. Ne serait-ce que la lecture des catéchèses mystagogiques des Pères, surtout lors de la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne.
La mystagogie est née aux IIe et IVe siècles, et il est donc important, dans l’étude de la liturgie, d’avoir accès aux écrits des Pères de l’Église.
42 Cette implication existentielle se produit – en continuité et en cohérence avec la méthode de l’incarnation – par le biais des sacrements. La liturgie est faite de choses qui sont exactement le contraire d’abstractions spirituelles : pain, vin, huile, eau, parfum, feu, cendres, pierre, tissu, couleurs, corps, paroles, sons, silences, gestes, espace, mouvement, action, ordre, temps, lumière.
Le problème de Guardini est que la perception sensible est recouverte par l’abstraction. Cela rend la perception difficile. Ainsi, on ne peut pas percevoir une belle célébration d’une célébration bâclée, désordonnée, dans laquelle, au lieu du Vivant, il y a le président ou le pseudo-directeur qui n’a pas les scansions de la célébration.
On n’a pas compris que le Christ s’est incarné pour être perceptible à nos sens. C’est pourquoi la liturgie est composée de choses qui, par des moyens sacramentels, deviennent l’essence du rite. Toute la création est une expression de l’amour du Père et une rencontre avec Dieu, mais un Dieu incarné, crucifié et ressuscité qui est ensuite retourné auprès du Père.
Le fait que DD juxtapose la matière liturgique à la création est très important, car DD affirme que le problème de la non-perception des symboles, ou l’incapacité de l’homme à contrôler les symboles, et aussi l’incapacité de connaître Dieu le créateur, ou de reconnaître les choses comme des créatures, parce que nous coopérons, mais nous ne sommes pas les créateurs de l’essence, ainsi la liturgie est quelque chose qui est donné par le Père pour le Fils dans l’Esprit, c’est pourquoi l’autoréférentialité ne doit pas avoir de place en elle.
44 Guardini écrit : « Ceci esquisse la première tâche du travail de formation liturgique : l’homme doit redevenir capable de symboles ». (R. GUARDINI, Formation liturgique, Brescia, 2022, p. 60).
Combien cette tâche est difficile : aujourd’hui, les gens comprennent des symboles qui tournent autour de la technologie de l’information, de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, nous avons perdu la capacité de lire le symbolique, parce que nous avons perdu notre émerveillement devant la création. Malheureusement, même dans les célébrations liturgiques, le concept du déjà donné s’est introduit , du toujours fait de cette manière, de la célébration avec un minimum de symbolisme et cela rend ce que nous faisons superflu. Pensez à la façon dont tout cela affecte le monde des adolescents et des jeunes : il y avait tout, mais il n’y avait rien !
Dans la formation liturgique, il suffirait de faire comprendre aux fidèles la richesse des textes euchologiques (= les textes de prière : ceux dits majeurs: les prières eucharistiques et ceux dits mineurs : les prières présidentielles : collecte ; prière sur les offrandes ; prière après la communion).
Nous reprenons le texte de DD. 44.
Cet engagement concerne tout le monde, les ministres ordonnés et les fidèles. La tâche n’est pas facile car l’homme moderne est devenu analphabète, il ne sait plus lire les symboles, il en soupçonne à peine l’existence. Il en va de même pour le symbole de notre corps. C’est un symbole parce qu’il est l’union intime de l’âme et du corps […] mais traité de façon paradoxale, traité maintenant de façon presque obsessionnelle par l’enseignement du mythe de l’éternelle jeunesse, réduit maintenant à une matérialité à laquelle on dénie toute dignité.
Si une personne n’est pas consciente de la dignité de son corps, et par conséquent de celui des autres, comment peut-elle comprendre qu’on lui dise qu’elle est le Corps du Christ. Ce concept s’applique également lorsque l’on parle de paternité dans une catéchèse, pour faire comprendre la paternité de Dieu. En effet, il faut tenir compte des expériences de paternité que nos auditeurs peuvent avoir aujourd’hui et faire comprendre le concept de transcendance : la paternité terrestre est une chose, la paternité divine en est une autre. Le langage liturgique n’est pas immanent, il est toujours transcendant.
Revenons àDD 44
Tout symbole est à la fois puissant et fragile : s’il n’est pas respecté, s’il n’est pas traité pour ce qu’il est, il se décompose, perd de sa force, devient insignifiant.
Le symbole devient fragile, et donc insignifiant, quand on est incapable d’en lire l’importance, quand on est incapable de lui offrir le bon écrin. La liturgie est fondée sur la capacité symbolique ; si celle-ci perd son sens, le rite ne tient pas et devient insignifiant. La situation la plus triste est celle où l’on lit un rite insignifiant et bâclé comme une belle célébration. Cela signifie que nous avons touché le fond. Nous sommes comme une personne qui se croit élégante et qui s’habille très mal, mais à qui personne ne peut rien dire parce qu’elle n’a pas le sens de l’autocritique.
DD 44 […] La perte de la capacité de comprendre la valeur symbolique du corps et de toute créature rend le langage symbolique de la liturgie presque inaccessible à l’homme moderne. Il ne s’agit cependant pas de renoncer à ce langage […] mais de retrouver la capacité de poser et de comprendre les symboles de la liturgie […]. Or, la vérité est toujours donnée, c’est nous, prêtres et moniales, qui devons être capables de décoder le langage symbolique de la liturgie et d’enseigner cet art au peuple de Dieu. En effet, le pape François, toujours au n. 44, ajoute : Il ne faut pas désespérer, car dans l’homme cette dimension […] est constitutive et, malgré les méfaits du matérialisme et du spiritualisme – qui tous deux nient l’unité du corps et de l’âme – elle est toujours prête à resurgir, comme n’importe quelle vérité.
45. La question que nous nous posons alors est la suivante : comment redevenir capable de symboles ? Comment revenir à savoir les lire pour les vivre ? Nous savons bien que la célébration des sacrements est – par la grâce de Dieu – efficace en elle-même (ex opere operato), mais cela ne garantit pas la pleine participation des personnes qui n’ont pas une manière adéquate de se tenir face au langage de la célébration (cf. Ecclésiologie de Sacrosanctum Concilium) La lecture symbolique n’est pas une question de connaissance mentale, d’acquisition de concepts, mais c’est une expérience vitale.
Pour un baptisé, célébrer n’est pas seulement un droit, c’est aussi un devoir.
Or, si quelqu’un n’a jamais senti l’huile, il ne peut pas l’imaginer. Dans une célébration, les sens sont également importants, comme l’odorat, le toucher, la vue. Malheureusement, il peut arriver qu’entre le presbytère et l’assemblée, il y ait une distance qui empêche de voir, de toucher, de sentir….En fait, si lors d’un baptême on pouvait percevoir le bruit de l’eau, ce serait performatif (indicatif), parce que le peuple de Dieu, à travers le symbole, a besoin de créer de l’empathie, de susciter des émotions. La célébration où l’on sait lire et vivre le symbolique, génère dans le peuple de Dieu le désir de retourner…. malheureusement, le laisser-aller de la célébration génère aussi le sens inverse : je ne remettrai plus jamais les pieds dans cette église !
46 Tout d’abord, nous devons retrouver la confiance dans la création. Je veux dire que les choses – avec lesquelles les sacrements « sont faits » – viennent de Dieu, sont orientées vers Lui et ont été prises par Lui, surtout avec l’incarnation, pour devenir des instruments de salut, des véhicules de l’Esprit, des canaux de la grâce […] nous devons nous préparer à les recevoir avec un regard nouveau, non superficiel, respectueux, reconnaissant. Dès leur origine, ils contiennent le germe de la grâce sanctifiante des sacrements.
Il ne s’agit pas d’avoir de l’expérience, mais de faire confiance à la création, ce n’est pas facile, mais c’est important, parce que les choses avec lesquelles les sacrements sont faits, viennent de Dieu. Revenons à notre sujet : Créateur/créature. Guardini enseigne : Dieu est le facteur, nous sommes les destinataires de l’action divine et nous coopérons pour que Dieu se manifeste dans la célébration. Les choses ont été prises en charge par Dieu, notamment dans l’incarnation, pour devenir des instruments de salut, des véhicules de l’Esprit, des canaux de la Grâce. Nous devons nous y préparer, c’est l’attitude de ceux qui ont confiance et dont le regard n’est pas superficiel. Cela doit être un engagement pour chaque chrétien.
47 Une autre question décisive – toujours en réfléchissant à la manière dont la liturgie nous forme – est l’éducation nécessaire pour acquérir l’attitude intérieure qui nous permet de placer et de comprendre les symboles liturgiques. Je l’exprime simplement. Je pense aux parents et, plus encore, aux grands-parents, mais aussi à nos pasteurs et à nos catéchistes. Beaucoup d’entre nous ont appris d’eux la force des gestes liturgiques – comme le signe de croix, l’agenouillement, les formules de notre foi. Nous n’en avons peut-être pas un souvenir précis, mais nous pouvons facilement imaginer le geste d’une main plus grande qui prend la petite main d’un enfant et l’accompagne lentement alors qu’elle trace le signe de notre salut pour la première fois.
Le mouvement est accompagné par les mots, lents eux aussi, comme pour prendre possession de chaque instant de ce geste, de tout le corps : « Au nom du Père… et du Fils… et du Saint-Esprit… Amen ». Puis lâcher la main de l’enfant et le regarder répéter seul, prêt à lui venir en aide, ce geste désormais livré, comme un vêtement qui grandira avec lui, l’habillant à la manière que seul l’Esprit connaît.
C’est un fait qui rappelle les concepts précédents : l’éducation liturgique se fait au stade de la catéchèse sacramentelle. En effet, si la communauté chrétienne fait vivre aux enfants et aux adolescents une expérience liturgique qui a du sens, à toutes les étapes (je pense à la méthode expérimentale scoute, et là je parle d’expérience ; ou à l’éducation liturgique expérimentale avec les groupes de ministères), il faut adopter la méthode du jeu sérieux, qui permet d’apprendre la théologie liturgique, au lieu de garder les enfants à l’intérieur d’une salle de catéchisme, obligés d’écouter un cours ennuyeux !
L’éducateur peut être le curé, un parent, un catéchiste, un chef scout, malheureusement on ne peut pas parler d’un maître d’école, parce que c’est discriminatoire envers l’Eglise, et il y a beaucoup à dire ici, même en ce qui concerne l’école catholique……. !
Le grand éducateur est celui qui est toujours à côté de celui qu’il doit éduquer, mais qui ne le remplace jamais. D’ailleurs, le grand éducateur, Jésus de Nazareth, a utilisé la même méthode avec ses disciples.
Dès lors, ce geste, sa force symbolique, nous appartient, ou plutôt nous appartenons à ce geste, il nous donne forme, nous sommes formés par lui. Il n’est pas nécessaire de trop parler, il n’est pas nécessaire d’avoir tout compris de ce geste : il est nécessaire d’être petit à la fois pour le transmettre et pour le recevoir. Le reste est l’œuvre de l’Esprit. Nous avons ainsi été initiés au langage symbolique. De cette richesse, nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller. En grandissant, nous pouvons avoir plus de moyens pour comprendre, mais toujours à condition de rester petits.
Ce geste devient une charge de symboles, il devient une appartenance : c’est nous qui appartenons à ce geste, parce qu’il nous forme, nous sommes formés par lui, nous devenons cette croix. Nous devons être petits, l’humilité de l’éducateur et l’humilité de l’éduqué : petits dans la transmission et dans la réception. Le reste est l’œuvre de l’Esprit.
Nous sommes en 1958. L’archevêque s’adresse à ses fidèles pendant le Carême de la même manière que nous avons traité notre thème dans Desiderio Desideravi.
Montini affirme que
10 « la Liturgie fait preuve d’une formidable capacité formative qui s’approprie et renforce l’instruction religieuse des enfants et des adultes, des gens simples et des hommes de culture […] ». La formation est performative, c’est-à-dire que la liturgie a besoin d’instruction et de formation.
La formation a besoin d’instruction et de communication
Bien que le but de la liturgie ne soit pas d’éduquer, mais de nous mettre en communication avec Dieu, elle nous met néanmoins, de cette manière, en relation avec toute la réalité qui est autour de Lui et qui existe pour Lui ».
On remarque que cette source est présente dans le Desiderio Desideravi. En effet, le pape affirme que la liturgie n’est pas pédagogique. En outre, François parle de communication avec le Christ, d’être le Christ et le cyme en relation avec toute la création.
12. […] il faut veiller à ce que la prière de l’Église s’épanouisse à nouveau,,,,il faut que l’action divine, doctrinale et sacramentelle, réponde à la coopération humaine, non seulement du clergé, mais aussi des fidèles, de telle sorte qu’il y ait une fusion et un équilibre admirables entre l’opus operatum (= ce que Dieu fait) et l’opus operantis (= ce que l’Église fait) . ….
13 Maintenant : peut-on dire qu’aujourd’hui cette participation du peuple chrétien à la première et sublime prière de l’Église a lieu ? Montini se posait déjà cette question en 1958 !
Le 29 juin 2022, la même question est posée par le Pape François. Pie X l’a posée et Sacrosanctum Concilium l’a également posée. Peut-être serait-il opportun de s’occuper davantage de ces points, tant pour le clergé que pour le peuple de Dieu, mais il est d’abord urgent de reprendre la formation du clergé, ce qui me rappelle les conférences du mardi de saint Vincent : il avait compris que si le clergé n’est pas suffisamment formé à l’ecclésiologie du Concile, le travail pastoral peut s’avérer inutile. Notamment parce qu’un clergé réfractaire à l’ecclésiologie du Concile craint le laïc formé à la théologie pastorale du Concile, parce que ce dernier pourrait faire ressortir le vrai visage d’un tel clergé.
Nous, Prêtres de la Mission, avons deux œuvres en Italie qui concernent la formation du clergé : le Collège Alberoni à Piacenza et l’Internat ecclésiastique à Rome dans le Collegio Leoniano. En tant que recteur de l’internat ecclésiastique, je sais combien il est important d’éduquer les jeunes prêtres dans l’esprit de la réforme liturgique, mais il faut y veiller assidûment et quotidiennement, afin de vivre ce que saint Vincent nous a recommandé.
21 Tout d’abord, l’assemblée liturgique doit être soignée. Elle doit prendre, du mieux qu’elle peut, l’aspect et le sens de la communauté. La liturgie n’est pas l’action des seuls prêtres, mais aussi des fidèles, dans les formes de participation qui leur sont propres […].
22 Tout cela demande des soins, qui semblent avoir une simple valeur d’organisation : l’horaire, surtout bien pensé en fonction de l’opportunité des fidèles, fixe et sobre ; puis la lumière, les bancs, la disposition locale des fidèles, la centralité de l’autel ; mais ces soins ont une référence à notre assemblée que l’on pourrait appeler théologique : il s’agit de composer ce peuple de Dieu qui forme l’Église.
Comment animer une assemblée ? D’abord en la faisant participer à son propre ministère. Ensuite, on dit que l’assemblée réunie est un signe de l’Église épouse du Christ, mais alors peut-on vraiment dire que tout cela est visible ? La cohésion ne mortifie pas la personne, mais la favorise au contraire, car elle lui fait faire l’expérience d’être un sujet ecclésial. En effet, le clergé doit enseigner qu’au cours des célébrations liturgiques, la vie privée n’existe pas. Les personnes font partie d’une Église qui célèbre et les actions et les prières qui nient cette appartenance ne doivent pas être accomplies. Le clergé doit inculquer aux fidèles la conscience d’être l’Église.
Nous ne pouvons pas nous contenter d’un temple plein de monde, d’une foule amorphe de présents, d’une masse insignifiante qui assiste, spirituellement distraite ou sans unité intérieure, au rite sacré. Nous devons nous efforcer de donner à l’assistance un calme, un ordre, une conscience, afin de constituer l’atmosphère sacrée dans laquelle se déroule le rite religieux. Il ne s’agit pas seulement d’exiger une attitude polie, comme pour un spectacle, mais de donner à chacun le sens d’une action commune, d’une participation.
Le travail pour faire retrouver à l’assemblée le sens de l’unité n’est pas facile, mais Montini affirme que la récupération de cette forme est fondamentale, parce que les fidèles doivent se rendre compte qu’ils sont l’Église, qu’ils sont l’épouse du Christ, de sorte que dans le dialogue avec celui qui préside cela se manifeste de plus en plus : pensez à l’Amen à la fin de la doxologie !
On voit comment, pour Montini, la formation liturgique est une formation à l’Église, qu’il place au centre de sa réflexion sous le signe de l’assemblée célébrante. On pourrait dire que la vision ecclésiologique de Montini complète celle de Guardini.
48 Une façon de préserver et de faire croître la compréhension vitale des symboles de la Liturgie est certainement de soigner l’art de la célébration […].
Comment une assemblée prend-elle conscience d’être Église ? Par l’ars celebrandi.
50 De ces brefs aperçus, il ressort que l’art de la célébration ne s’improvise pas. Comme tout art, il exige une application assidue […].
C’est pourquoi l’ars celebrandi ne s’improvise pas, car il doit être une application quotidienne : on apprend en célébrant, il s’agit d’un entraînement permanent. Il faut demander à l’Esprit Saint la grâce de ne jamais se sentir arrivé dans l’ars celebrandi et qu’il nous accorde de demander, d’observer, d’apprendre des maîtres de la liturgie pour ne pas tomber dans le péché de l’autoréférence : utiliser le rite pour s’asseoir à la première place, ce qui est alors l’occasion de faire remarquer à ceux qui sont préparés que l’on n’a rien compris à ce que l’on a célébré, et malheureusement les signes sont visibles, parce que le symbolisme n’est pas respecté.
Il faut aussi comprendre que l’Ordinaire général du Missel romain et les praenotanda des Rituels particuliers sont la base sur laquelle construire l’art de célébrer. Il est essentiel de connaître la théologie liturgique qui sous-tend les rubriques !
Dans le n° 50, nous lisons : « Tout outil peut être utile : Tout outil peut être utile, mais il doit toujours être soumis à la nature de la liturgie et à l’action de l’Esprit. Ce qu’il faut, c’est un dévouement assidu à la célébration, en laissant la célébration elle-même nous transmettre son art. Guardini écrit : « Nous devons nous rendre compte à quel point nous sommes encore enracinés dans l’individualisme et le subjectivisme, à quel point nous ne sommes pas habitués à l’appel de la grandeur et à quel point la mesure de notre vie religieuse est petite. Il faut réveiller le sens de la grandeur de la prière, la volonté d’y impliquer aussi notre existence. Mais le chemin vers ces buts est la discipline, le renoncement à une sentimentalité molle ; un travail sérieux, accompli dans l’obéissance à l’Eglise, en ce qui concerne notre être et notre comportement religieux ». (cf. R. GUARDINI, Formation liturgique , Brescia, 2022, p. 139).
Où en sommes-nous ? L’intention intérieure fonctionne comme une manifestation de l’art de célébrer. Être là signifie que je suis là, maintenant hic et nunc ! Suis-je présent dans l’action liturgique ? Cette question se pose à chaque membre de l’assemblée célébrante : prêtre et fidèles.
La participation à travers une forme particulière donne à l’assemblée l’occasion de prendre conscience qu’elle est le Corps du Christ : acclamation !
Nous savons que la participation liturgique génère l’appartenance, dans le sens où elle la rend active, pleine et consciente, en tant qu’expérience ecclésiogénétique de célébration qui génère et qualifie l’Église, en la rendant visible en tant que corps priant qui prie et chante réuni en assemblée autour de l’autel unique. L’appartenance à l’Église est la promotion du sentire cum Ecclesia , une priorité pastorale dans le contexte de la célébration liturgique.
L’Assemblée, en tant que Corps du Christ, s’est réunie pour vivre l’expérience la plus concrète de sa participation à l’événement réel du Mystère pascal. Le passage fondamental de l’individu à l’Église a lieu. De la prière à la vie, il s’agit d’une participation active : l’esprit et le cœur – comme l’a dit saint Benoît – doivent être unis Cf. SC. 11).
En effet, en participant activement à la liturgie, le fidèle met en jeu un niveau d’investissement intégral de sa personne, puisqu’il s’agit d’une participation active, pleine et consciente, tant intérieurement qu’extérieurement (SC. 19).
15 « […] Cette participation :
(a) doit d’abord être interne : par elle, le fidèle conforme son esprit aux paroles qu’il prononce et entend et coopère à la grâce divine (SC 11).
b) mais elle doit aussi être externe, et par là ils manifestent la participation interne par les gestes et l’attitude du corps, les acclamations, le dialogue et le chant (SC 30) ».
Il est clair que lorsque nous parlons de participation interne, nous ne voulons pas dire dévotionnelle : moi écoutant ma messe, mais il n’y a rien de plus actif qu’une participation interne et intégrale à une célébration. En fait, il s’agit d’une participation intentionnelle, dans laquelle la personne, dans la totalité de son être, est une partie active de la célébration, une partie active de l’assemblée célébrante.
En fait, il s’agit d’une participation liturgique à l’épreuve : la perception complexe de notre expérience dans le contexte culturel contemporain.
Pour la récupération de l’identité de l’assemblée liturgique : observation du phénomène liturgique de la congregatio Ecclesiae afin de faire retrouver à l’assemblée son identité de Corps qui célèbre le Seigneur.
Constitution liturgique Sacosanctum Concilium (1963).
Pour favoriser une participation active, on veillera aux acclamations des fidèles, à leurs réponses, au chant des psaumes, des antiennes, des hymnes, ainsi qu’aux actions et aux gestes et à l’attitude du corps. Le silence sacré doit être observé, même en temps voulu (SC 30).
L’acclamation consciente permet à l’assemblée de remplir, en tant qu’Église, le rôle d’Épouse du Christ.
L’acclamation dépend aussi beaucoup de la présidence. En effet, si la doxologie est proposée de manière plate: la patène et le calice sont à peine soulevés – souvenez-vous du danger de présider au strict minimum ? – la doxologie n’est pas chantée, mais même si elle est prononcée, elle l’est de manière manifeste : la prière eucharistique est enfin terminée, nous sommes presque à la fin de la célébration, on ne peut pas s’attendre à ce que l’assemblée célébrante acclame un Amen comme il se doit, c’est même une bonne chose que quelqu’un se souvienne de dire Amen ! Gardons à l’esprit que, malheureusement, une communauté chrétienne est le miroir de son pasteur.
il n’y a rien de plus solennel et de plus festif dans les célébrations sacrées qu’une assemblée qui, dans son ensemble, exprime sa foi par le chant. C’est pourquoi la participation active de tout le peuple, qui se manifeste par le chant, doit être encouragée avec le plus grand soin, selon cet ordre :
Inclure d’abord les acclamations, les réponses aux salutations du prêtre et des ministres et les prières de la litanie ; en outre, les antiennes, les psaumes, les versets ou refrains intercalaires, les hymnes et les cantiques…
Chers amis,
Je m’excuse de la longueur de cette neuvième et dernière partie de l’Ars celebrandi, malheureusement je n’avais pas d’autre choix.
J’espère qu’elle vous sera utile dans votre vie chrétienne et dans votre travail pastoral et de service des pauvres.
Le soin des célébrations manifeste pour un pourcentage élevé la vie d’une paroisse et aussi celle de nos Maisons. Car la liturgie est la source et le sommet de la vie chrétienne, et donc aussi de la nôtre.
Nos célébrations doivent attirer les personnes qui vivent à proximité de nos Maisons et de nos paroisses. Il doit être agréable pour les laïcs de prier avec nous ! Notre liturgie manifeste nos frères et sœurs vivant ensemble, ou un groupe de personnes vivant ensemble, où la loi du plus fort prévaut.
En ce moment difficile où il semble qu’en Italie notre charisme se meurt, à travers nos célébrations, nous permettons aux jeunes que l’Esprit Saint appelle à servir l’Église selon le charisme de saint Vincent et de sainte Louise (et ils ne sont pas rares !), de répondre à l’appel qu’ils ont reçu, mais il est nécessaire de coudre de nouveaux vêtements pour y insérer de nouveaux écussons. Je crois qu’en Italie, malgré les apparences, l’Esprit Saint continue à appeler les jeunes à vivre comme Prêtres de la Mission et Filles de la Charité… peut-être que le problème est plus le nôtre que le leur !
Permettez-moi de vous proposer une méditation que je fais souvent dans ma tentative de suivre le Ressuscité.
En relisant le grand livre Les Fiancés, essayons de nous demander dans quels personnages nous nous trouvons : dans le Père Christophe, dans le Cardinal Federigo, ou dans Don Abbondio, ou dans le Provincial des Capucins ?
Dans Renzo, ou dans Don Rodrigo, dans le Comte Oncle, ou plutôt dans l’avocat Azzeccagarbugli ?
Je souhaite à tous de bien vivre le temps ordinaire. Bon travail.
Par le Père Giorgio Bontempi C.M.