Vincentiens, renouons avec l’Espérance faite chair

Dans son message du Nouvel An, Jean Rolex, CM, invite les Vincentiens à réfléchir à l'importance de l'espérance fondée sur le Christ. Après une année de défis et de leçons, le moment est venu de renouveler notre engagement pour la charité, la solidarité et la fraternité universelle. Découvrez comment vivre 2025 avec foi, simplicité et créativité, en suivant le charisme vincentien.

Chers Vincentiens, Alors que cette année spéciale touche à sa fin, c’est à notre tour de l’évaluer. Un bilan pour réaliser que l’homme est fragile et limité dans le temps et dans l’espace. Cette fragilité inhérente à sa condition humaine a été mise à nu par la pandémie de Covid-19, les conséquences néfastes des guerres, le réchauffement climatique et la dépendance totale croissante à l’égard de la technologie. En tant que disciples de Saint Vincent de Paul, connu pour sa compassion et son service aux plus démunis, nous avons tous, dans un sens, expérimenté tout au long de cette année 2024 à quel point nous étions fragiles.

Mais, d’un autre côté, cette même année nous a montré la grandeur de l’être humain. Une grandeur qui s’est manifestée pour beaucoup dans la manière dont nous traitons les plus petits. Tout au long de l’histoire de l’humanité, dans des situations extrêmes, des hommes et des femmes bons et courageux ont toujours surgi pour nous rappeler que l’homme n’est pas seulement une misère, mais qu’il est capable de grandes choses. Saint Vincent de Paul lui-même a été un exemple de courage et de bonté. Son travail et son influence à la cour royale ont eu un impact significatif sur l’amélioration de la situation sociale et politique au XVIIe siècle.

En effet, le monde sera changé pour le mieux par ces hommes et femmes courageux, audacieux et bons. Nous ne pouvons pas nier l’amertume de cette année. Cependant, nous ne pouvons pas oublier les grâces que nous avons reçues. C’est pourquoi, en tant que Vincentiens, nous sommes appelés à espérer en cette nouvelle année qui commence déjà. L’espérance qui naît de ce que nous sommes en tant que dignités créées à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1,27). [1]L’espérance qui naît de la ferme confiance dans les promesses de Dieu, qui nous soutient même dans les moments difficiles. L’espérance qui naît de ce que nous sommes en tant que fils et filles de notre culture et de notre peuple. [2]L’espérance, dans ce sens, n’est pas une illusion passagère, mais une conviction profonde que Dieu est toujours avec nous et que la promesse de Dieu ne sera pas déçue.

Cette nouvelle année qui a déjà commencé consiste à nous reconnecter à l’Espérance faite chair, c’est-à-dire au Christ. Avec le Christ, tout naît et renaît. En effet, cette nouvelle année consiste à renaître. C’est-à-dire retrouver notre meilleure version.

Nous, Vincentiens, commençons donc à remercier Dieu pour l’année 2024 et à tirer les leçons des problèmes. Même si tout n’a pas été meilleur, cette année nous a permis de grandir positivement en tant que personnes et en tant que Vincentiens. Il nous appartient maintenant de vivre l’année 2025 avec espoir et créativité. L’espoir que les choses peuvent s’améliorer, parce qu’il y a encore dans le monde des hommes et des femmes nobles, bons et créatifs. Des hommes et des femmes qui n’ont pas peur « d’inventer, d’expérimenter, de grandir, de prendre des risques, d’enfreindre les règles, de faire des erreurs et de s’amuser ». Des hommes et des femmes qui sont prêts à faire de cette nouvelle année un temps de réflexion, de renouvellement et d’action au service des autres. Prêts à défendre le respect de la création, la solidarité avec les pauvres et l’action collective. [3]Prêts à opter pour la fraternité universelle, c’est-à-dire une fraternité qui « permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne au-delà de la proximité physique, au-delà de l’endroit de l’univers où elle est née ou de l’endroit où elle vit ».

Notre vie est toujours sujette à révision. Il n’y a rien de parfait dans le monde. Seul Dieu est parfait. C’est pourquoi cette nouvelle année est l’occasion d’une révision en profondeur, de notre oui au passage de Dieu dans notre être et notre faire vincentiens. Nous remercions Dieu pour l’année 2024 parce que, malgré tout, elle nous a appris à valoriser le petit, à regarder la vie avec simplicité, respect et amour. Simplifier notre vie, écarter le superflu et vivre sobrement. En réalité, la formule pour vivre mieux, c’est de tout simplifier. C’est retrouver la bonne humeur quoi qu’il arrive. Selon certains, la bonne humeur « est synonyme de santé mentale ». Il n’y a aucune raison de ne pas retrouver le sourire et de ne pas faire rire les autres. Comme le dit si justement Elbert : « Ne prenez pas la vie trop au sérieux. Vous n’en sortirez pas vivant. Saint Vincent de Paul lui-même exhortait à « être toujours gai, quitte à diminuer un peu ce peu de sérieux que la nature vous a donné et que la grâce adoucit, par la miséricorde de Dieu » (I, 499).

Enfin, renouer avec l’Espérance faite chair implique de pardonner et de demander pardon à temps ; c’est faire quelque chose pour les autres, c’est-à-dire aider l’autre à devenir meilleur. Mais tout cela implique une conversion de l’esprit, du cœur et des attitudes. Se convertir dans ce sens ne signifie pas être une autre personne, mais vivre différemment. C’est être différent. Être différent dans ce sens signifie vivre à partir du Christ. Vivre du Christ, c’est « transformer notre orgueil en humilité, notre cupidité en générosité, notre gourmandise en tempérance, notre colère en douceur, notre convoitise en chasteté, notre égoïsme en charité, notre paresse en effort, notre médiocrité en ferveur ».

Se relier à l’Espérance, c’est être attentif, car Dieu continue à parler et à compter sur chacun de nous. L’homme, image de Dieu, est capable de Dieu. Le désir d’infini est inscrit dans son cœur. C’est pourquoi l’homme a toujours été un chercheur d’infini, de divin. Alors, Vincentiens, en cette année 2025, optons pour le divin. Choisissons le chemin qui mène à Dieu. Laissons-nous guider par l’étoile des vertus humaines, chrétiennes et vincentiennes. [4]Que le témoignage vincentien soit un ferment d’espérance authentique dans le monde, une annonce de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (cf. 2 P 3,13), où règnent la justice et l’harmonie entre les peuples, orientés vers l’accomplissement de la promesse du Seigneur.

 

 

Par Jean Rolex, CM

[1] Francis (2014). L’espoir ne déçoit jamais. Crise-Promesse-Confiance. Claretiana, Buenos Aires.

[2] Ibid,

[3] François (2020). Lettre encyclique Fratelli Tutti sur la fraternité et l’amitié sociale. Extrait de https://www.vatican.va/.

[4] François (2024). L’espoir ne déçoit pas. Tiré de https://www.vatican.va/content/.

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