Nous pourrions parler sans fin des vertus vincentiennes, telles que l’humilité, la simplicité, la douceur, la mortification et le zèle missionnaire. Piliers fondamentaux de la spiritualité vincentienne, conçues par Saint Vincent pour favoriser une vie de service et d’amour du prochain, en particulier envers les plus démunis, nous leur trouverons toujours de nouvelles nuances et dimensions. [1]Aujourd’hui, dans le contexte de l’année jubilaire, la réflexion sur les vertus vincentiennes comme chemin d’espérance est particulièrement pertinente. En effet, ces vertus sont intrinsèquement liées à la vertu théologale de l’espérance. [2]Les pratiquer consciemment est une façon de cultiver et de renforcer notre foi en Dieu, le vrai Dieu, le Dieu de Jésus-Christ. En nous demandant comment les vertus vincentiennes peuvent nous aider à surmonter les défis du monde d’aujourd’hui, nous invitons les lecteurs à approfondir leurs connaissances et à trouver en elles une source d’espoir et d’encouragement. Que cette réflexion soit un point de départ pour explorer la richesse spirituelle de l’héritage vincentien et sa profonde pertinence pour notre vie chrétienne.
Tout au long de l’histoire, il a été prouvé que les actions fondées sur la vertu et les efforts constants ont permis à de nombreux hommes et femmes de retrouver l’espoir. Ces actions ont favorisé le bien-être individuel et collectif, en recherchant toujours l’harmonie et l’équilibre dans les relations humaines. Les vertus proposées par saint Vincent de Paul ont été conçues pour favoriser une vie de service et d’amour pour les autres, en particulier pour les plus démunis. Servir les plus pauvres a toujours été une source d’épanouissement et d’espoir. Les vertus vincentiennes ne nous guident pas seulement vers une vie de service et d’amour, mais nous aident aussi à découvrir une espérance durable et significative. Nous pouvons donc affirmer que les vertus vincentiennes et l’espérance sont étroitement liées. Il ne peut y avoir de véritable espérance sans la pratique de ces vertus.
Il est vrai que les vertus vincentiennes ont fait l’objet de diverses critiques. Certains affirment qu’elles présentent un idéal humain inaccessible et décontextualisé des réalités actuelles. Leur apparente passivité face aux injustices sociales et politiques est également remise en cause, suggérant qu’elles sont incapables de transformer le monde. D’autres critiques les considèrent comme un moyen d’échapper aux problèmes du monde réel, une sorte d’illusion dépourvue de fondement pratique.
Cependant, ces critiques peuvent générer un riche débat théologique et philosophique. Plutôt que d’être destructrices, elles peuvent être l’occasion d’approfondir notre compréhension des vertus vincentiennes et d’enrichir notre espérance. En analysant ces critiques, nous pouvons réfléchir à la façon dont ces vertus peuvent être adaptées aux défis du monde moderne et comment elles peuvent nous inspirer à une action plus engagée et transformatrice.
Voyons maintenant comment les vertus vincentiennes peuvent être un chemin d’espérance. Sans aucun doute, nous pouvons affirmer que ces vertus sont le fondement de l’espérance chrétienne. Les vertus vincentiennes visent avant tout à aider leurs adeptes à reconnaître leurs propres limites et à faire pleinement confiance à la Providence divine. En reconnaissant cette dépendance à l’égard de Dieu, l’espérance en sa promesse de salut est renforcée.
De plus, en nous libérant des chaînes du matérialisme, les vertus vincentiennes nous permettent de nous concentrer sur l’essentiel : notre relation avec Dieu et avec les autres. La simplicité, encouragée par ces vertus, favorise une attitude de confiance et d’espérance en l’avenir. Elle nous permet d’apprécier les petits détails de la vie et de cultiver une profonde gratitude. En bref, les vertus vincentiennes, lorsqu’elles sont vécues de manière authentique, renforcent notre espérance et nous aident à affronter les défis avec une plus grande certitude.
En suivant la pensée et les services de saint Vincent de Paul, nous découvrons que sa véritable espérance était certainement liée à l’union avec le Christ et à la pratique des vertus chrétiennes. C’est cette union avec le Christ et la pratique des vertus chrétiennes qui ont orienté et dirigé ses actions vers le bien. Saint Vincent de Paul a très bien compris que la vertu doit aider l’homme à garder l’espoir d’un monde meilleur, en faisant de sa vie une lumière d’espérance. Les vertus vincentiennes sont destinées à nous fournir des outils pour renforcer notre propre espérance.
Les vertus vincentiennes deviennent un chemin d’espérance en étant une force transformatrice dans nos vies et dans le monde. En vivant ces vertus, nous pouvons être des « pèlerins de l’espérance« , des témoins de la miséricorde de Dieu et contribuer à la construction d’un monde plus juste et solidaire. En réalité, ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ, évangélisateur des pauvres, même s’ils ont beaucoup d’espoirs, sont fondamentalement sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute la vie (cf. Eph 2,12). Saint Vincent de Paul, par son héritage, a voulu transmettre cette espérance qui l’a rendu capable de s’engager résolument et de toutes ses forces au service des pauvres. Grâce à son espérance, Vincent de Paul s’est consacré aux gens simples et a agi de manière humble, douce et mortifiée envers les plus petits.
Les vertus vincentiennes nous enseignent donc qu’il est nécessaire d’avoir des espoirs qui nous font avancer jour après jour. Mais sans la grande espérance, qui doit surpasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu, qui embrasse l’univers et peut nous proposer et nous donner ce que nous ne pouvons réaliser seuls. Dieu est le fondement de l’espérance, mais pas n’importe quel Dieu, celui qui a un visage humain et qui nous a aimés jusqu’au bout, chacun de nous en particulier et l’humanité dans son ensemble. [3]Son royaume n’est pas un au-delà imaginaire, situé dans un futur qui n’arrivera jamais ; son royaume est présent là où il est aimé et où son amour nous rejoint.
En conclusion, les vertus vincentiennes nous fournissent les outils nécessaires pour marcher vers l’espérance. En pratiquant ces vertus, nous devenons des pèlerins et des porteurs d’espérance qui nous libèrent de l’anxiété et du désespoir.
Par Jean Rolex, C.M.
[1] François (2025) Spes non confundit. Bulle pour la convocation de l’année jubilaire 2025. Extrait de https://www.vatican.va/.
[2] Benoît XVI (2007). Lettre encyclique « Spe Salvi » sur l’espérance chrétienne. Consulté sur le site https://www.vatican.va/.
[3] Ibid,