Triduum pascal – Le Samedi Saint

Le Samedi Saint est le jour du grand silence, suspendu entre la mort et la résurrection du Christ. Dans ce chapitre, le père Giorgio Bontempi C.M. nous guide pour redécouvrir la signification liturgique et spirituelle de cette journée, intense préparation à la gloire de Pâques.

SAMEDI SAINT

 

Le samedi saint était considéré comme un jour haliturgique au cours duquel l’eucharistie n’était pas célébrée. Si, dans les premiers temps, cette situation n’était pas anormale, puisque l’Eucharistie n’était pas célébrée habituellement à l’époque, le désir de rester dans le jeûne jusqu’à la résurrection du Christ exigeait néanmoins que l’Eucharistie ne soit pas consommée avant la célébration de Pâques. Cela ne signifiait pas que le samedi saint ne faisait l’objet d’aucune autre célébration. Nous savons que le dernier exorcisme solennel de l’évêque avait lieu le matin. Nous en avons déjà la preuve dans Hippolyte, et nous retrouvons partout le rite du matin du Samedi Saint lié à la redditio smboli[1]

Si, à l’époque d’Innocent III († 1216), la célébration de la Veillée pascale a été fixée dans le détail, y compris les douze lectures, il convient de noter qu’elle était déjà en net recul depuis un certain temps. Au VIIe siècle, en effet, une telle veillée commençait le samedi après-midi, même si l’on attendait la tombée de la nuit pour célébrer l’eucharistie. Commencer les lectures vers deux heures de l’après-midi signifiait bénir le feu et chanter l’Exultet plus ou moins au milieu de la journée, avec toutes les conséquences négatives que cela comportait. Comme on le voit, le sens des réalités de la célébration liturgique était déjà complètement brouillé à cette époque, où l’on ne s’étonnait pas de chanter les mirabilia de la nuit bénie en plein jour. Une telle célébration, sans esprit, ne pouvait que décourager les fidèles d’y participer : c’était en somme une célébration réservée au clergé. Lorsque Pie V interdit la célébration de l’Eucharistie dans l’après-midi, tout est consommé : la Vigile est célébrée….le samedi matin.

Un siècle plus tard, Urbain VIII donna le coup de grâce à la popularité de la Vigile en la supprimant comme fête d’obligation. Tout cela nous permet de mesurer l’ampleur de la réforme opérée par l’Église à cet égard, et nous aide à comprendre le lourd héritage qui pèse encore sur la mentalité de nombreuses personnes à notre époque . [2]

Par le Père Giorgio Bontempi C.M.

[1] HIPPOLYTE DE ROME, La Tradition Apostolique, 20 : éd. cit. 43.

[2] Triduum Sacrum, op. cit., 105.

Triduo Pasquale - Il Sabato Santo

Partagez-vous

Articles connexes